Ma maison du fond des bois
Pendant les vacances nous sommes allés dans ma maison du fond des bois, c’est de là-bas que je viens, là où sont les restes de mon enfance...
J’ai grandi dans cette maison sans frère ni sœur, mais avec beaucoup d’animaux, d’amour et de jeux fabuleux. Construire des cabanes, élever des oiseaux, pècher des grenouilles, chercher des fées dans les grandes fougères.
J’aime l’odeur des bois et de l’herbe quand on y arrive, et l’odeur de vieille maison quand on entre dedans.
A l’intèrieur il y a de grandes armoires et des étagères recouvertes de livres et de poussière, des objets toujours un peu cassés vestiges d'un passé de brocantes, une table en formica jaune avec son buffet assorti et de grandes araignées ici et là mais on les aime bien, on ne les chasse pas...Et il y a mon père, qui apprendra à Sunny le chant des oiseaux, qui lui montrera sûrement le nid des mésanges dans la fontaine,qui jetera quelques sauterelles dans la toile de l'épeire pour voir le spectacle funeste ou mettra en marche pour elle ses petits automates en tôle...
Là-bas on est loin de tout, plus rien n’est important que de regarder au dehors, d’attendre que les heures passent, d’attendre le printemps et les fleurs, puis l’été l’odeur de l’herbe coupée et le chant des sauterelles, l’automne avec ses champignons et les glands qui tombent et l’hiver avec l’odeur de la fumée au dehors et la chaleur du feu en dedans…
Quand je suis là-bas je redeviens la petite fille des champs et je me dis toujours que j’aimerais que cela ne s’arrête pas, j’aimerais vivre ici et regarder baby sunny grandir… ne plus retourner à Paris…
Ici mon cœur se gonfle de joie et de nostalgie quand je la vois découvrir tous ces coins que je connais par cœur, gratter la mousse, sentir un joli cèpe ou regarder sans comprendre le chat qui tourne devant la porte parce qu’il nous a apporté une souris.
Alors je me demande souvent ce que serait ma vie ici: est-ce que je m’ennuierais ? Est-ce que nous serions heureux ? Est-ce que nous aurions un cheval ? Est-ce que nous trouverions de bons amis comme ceux que nous avons à Paris ? Est-ce que je n’aurais pas peur des fois de dormir seule au fond des bois ? Est-ce qu'il conduirait le tracteur pour couper les herbes hautes?
Et puis toujours il faut repartir, dire au revoir à tout ça et oublier qu’on est une fille des bois, retrouver la grande ville et ses lumières, ses beaux habits, et se persuader qu’on est heureuse ici, malgré tout, et noter dans un coin d’agenda la date où l’on y retournera…